Pour obtenir gain de cause auprès du gouvernement sur ses revendications relatives aux salaires et à l'emploi, la CGT et FO entendent d'abord mettre la pression sur le patronat. Hier en tête du cortège des manifestants parisiens, Yves Veyrier, le secrétaire général de FO, a invité à la grève en entreprise : "Si on arrivait à cesser le travail tous ensemble le même jour, je suis persuadé que le regard du gouvernement et des employeurs sur nos revendications serait différent".
Représentants du personnel
Les représentants du personnel sont des salariés élus ou désignés chargés de représenter les salariés de l’entreprise avec des missions spécifiques selon l’instance représentative du personnel (IRP) à laquelle ils appartiennent. Il y a quatre grandes IRP : les DP, le CE, CHSCT et les délégués syndicaux. Au 1er janvier 2020, l’ensemble des IRP (hormis les délégués syndicaux) devront fusionner au sein du CSE.
La CGT, FO et Solidaires organisaient hier une journée nationale d'actions interprofessionnelle en faveur des salaires, de l'emploi et des droits à la retraite. À Paris, le cortège des salariés qui s'est élancé vers 13h30 du boulevard Saint-Michel en direction du Champ-de-Mars a bénéficié d'un important renfort d'enseignants grévistes des écoles maternelles et primaires, ces derniers contestant un projet de réforme de l'éducation nationale. L'objectif affiché était de mettre la pression sur le gouvernement, en addition du mouvement des gilets jaunes, à l'issue du grand débat national (que les trois organisations syndicales ont par ailleurs boycotté). "Mais on s'adresse aussi aux employeurs, précise Yves Veyrier. Il faut qu'on ouvre des négociations en entreprise sur la question des salaires et le Smic".

L'occasion pour le secrétaire général de Force ouvrière d'inviter les équipes syndicales à "réhabiliter la grève" : "C'est un moyen pacifique de règlement des conflits, explique-t-il. Quand on est dans une entreprise et que cela bloque sur les salaires, si les salariés font grève l'employeur revient à la table des négociations. Cela vaut aussi au niveau national. Si on arrivait à cesser le travail tous ensemble le même jour, je suis persuadé que le regard du gouvernement et des employeurs sur nos revendications serait différent. Cela fait partie du rapport de force à construire", soutient-il. Un avis au moins partiellement partagé par le secrétaire général de la CGT : "Il y a effectivement besoin de renouer avec cette culture d'agir dans l'entreprise. Evidemment, le gouvernement a ses responsabilités, mais ceux qui refusent d'augmenter les salaires ce sont d'abord les patrons dans le privé. Ceux qui veulent augmenter le temps de travail dans le privé, ce sont les patrons" (voir ci-dessus notre vidéo).
Qu'en pensent les équipes syndicales en entreprise, et ont-elles seulement les facultés de mobiliser largement les salariés ? Les réactions de deux délégués syndicaux, croisés hier au départ de la manifestation parisienne. "Oui, inviter à faire grève est la meilleure idée, confirme immédiatement Eric Sellini, coordinateur CGT du groupe Total. C'est le seul moyen d'action qui fonctionne. Il faut mettre la pression sur les grandes entreprises. Le Medef est bien silencieux, et pour cause, il a tout gagné depuis 2016 et la loi Travail. Contre cette loi "El Khomri" justement, on a bloqué les raffineries pendant un mois. Mais il ne suffit pas d'appuyer sur un bouton pour déclencher une grève générale, prévient-il, un tel mouvement cela se construit".

"Lancer un mouvement de débrayages risque d'être peu suivi dans mon secteur, car nous avons obtenu de bons résultats dans les négociations d'entreprise, tempère Eric Becker, secrétaire fédéral FO pour le transport. En semaine, les routiers sont sur la route, donc il y a peu de chance de les mobiliser. Mais dans le principe, la grève c'est effectivement le meilleur moyen pour faire pression sur les employeurs", concède-t-il.
Et que pensent ces deux manifestants du mouvement des gilets jaunes ? "Une mobilisation nationale a vu le jour. J'adhère à leurs revendications, affirme Eric Becker. On peut faire en sorte de se mobiliser ensemble, mais à condition que cela se fasse sans violences". L'occasion de modifier quelques pratiques syndicales ?

"Ce qui marche avec les gilets jaunes, c'est qu'ils manifestent le week-end, reconnaît le responsable syndical. C'est une pratique dont on pourrait s'inspirer". Eric Selllini considère quant à lui qu'il "n'y a pas de séparation entre l'action syndicale et le mouvement des gilets jaunes. Ceux qui vont manifester le samedi, ce sont aussi pour partie des salariés. Si ce mouvement n'est pas classique, cela reste à mon sens un mouvement collectif. Ce n'est pas seulement une accumulation de contestations individuelles". Le militant syndical CGT s'inquiète en revanche des annonces de mesures réglementaires anti-casseurs lundi en réaction aux violences samedi dernier notamment sur les Champs-Elysées : "Je crains que cette plus grande autonomie des policiers pour la gestion des débordements n'emporte qu'une escalade supplémentaire de la violence..."
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